COMPTE-RENDU
2ème rendez-vous francophone des chercheur·es et formateur·trices d’enseignant·es d’éducation physique, mardi 30 juin
23 personnes ont participé à la rencontre, dont des collègues de la France, de la Belgique, du Québec, de News Brunswick, de l’Ontario et de l’Argentine.
PREMIÈRE PARTIE DE LA RENCONTRE – LE RETOUR À L’ÉCOLE : GUIDE PANCANADIEN d’ÉPS-CANADA
Les collègues Vicky Bouffard-Levasseur (Université de Moncton/ News Brunswick) et Sylvie Boudoin (Université de Sherbrooke) ont présenté initialement le processus de production du document « La pandémie de COVID-19 : retour à l’école. Les lignes directrices pour l’éducation physique et à la santé au Canada ».
En avant-propos, elles ont souligné :
- Le court espace de temps pour la production de ce document, une semaine environ, à partir d’un google drive collectif écrit à plusieurs mains ;
- Le fait que ce document est évolutif, c’est à dire, qu’il évolue au fil et à la mesure de la crise elle-même, de la situation dans les provinces canadiennes, des suggestions reçues en court de route ;
- Le travail conjoint de plusieurs personnes qui ont participé à l’élaboration et à l’examen du document, en apportant des suggestions et des bonifications au matériel.
Le document a été conçu en prenant en considération la documentation scientifique dans le domaine dont :
- Le Document de conception pour communautés scolaires en santé ;
- Les Stratégies d’enseignement axées sur le traumatisme ;
- Le Cadre de l’UNICEF pour orienter le retour dans les écoles.
Ensuite, en s’appuyant sur le résultat des échanges réalisés lors de plusieurs réunions avec des collaborateurs et collaboratrices d’ÉPS Canada dont:
- Des enseignant·es d’ÉPS eux-mêmes ;
- Des spécialistes de programmes scolaires ;
- Des chercheuses et chercheurs en ÉPS ;
- Des fonctionnaires.
En résumé, plusieurs contributions ont été recueillies au fur et à la mesure, de sorte que le document initial soit bonifié tout au long de sa production. Par rapport au document proprement dit, il faut souligner que c’est un outil de travail autant pour les
enseignant·es, que pour les directeur·trices d’école et les décideur·es politiques. Les intentions avec ce document sont :
- De fournir de lignes directrices afin d’aider dans le processus décisionnel.
- De renforcer la capacité de chaque école à mettre en place des programmes d’EPS enrichissants, sécuritaires, participatifs, et de bonne qualité, complétés par d’autres occasions de promotion de la santé, incluant l’activité physique pratiquée avant, durant, et après la journée scolaire.
Ce document a été diffusé largement. Il a été envoyé également à tous les ministres de provinces canadiennes.
Le document est divisé en quatre grandes sections :
La première section présente les Lignes directrices pour l’apprentissage et le développement holistiques visant à :
- Mettre l’accent sur l’équité, l’inclusion et l’accessibilité, autrement dit, les mesures à tenir compte afin d’assurer accessibilité et l’inclusion en EPS.
- Se concentrer sur le bien-être, pour soutenir l’apprentissage et le bien-être des élèves tout au long de la journée scolaire, qu’elle soit hybride, en ligne ou à l’école.
- Mettre l’accent sur les approches pédagogiques axées sur le traumatisme, en favorisant la santé, le bien-être et la réadaptation.
Les deux sections suivantes Enseignement de l’éducation physique et Enseignement de l’éducation à la santé veulent répondre à la diversité de l’enseignement au Canada, car dans certaines provinces, l’éducation physique et l’éducation à la santé sont enseignées séparément et non conjointement. Pour chacune de ce deux sections, des modalités d’enseignement hybride, en ligne et à l’école sont prévues.
Ainsi, la section éducation physique aborde non seulement la question des pratiques à mettre en œuvre, comme la question des espaces, de l’équipement, du matériel et des activités.
La section éducation à la santé prévoit notamment une sensibilisation des élèves à la mise en œuvre efficace du programme d’éducation à la santé, travers une centration sur des éléments des programmes scolaires qui contribuent à activer les compétences cognitives (réfléchir), émotives (ressentir), et affectives (agir). Elle suggère également l’emploi systématique des méthodes participatives comme approche d’enseignement.
Enfin, la dernière section, Santé et bien-être tout au long de la journée scolaire, insiste sur l’importance d’assurer et soutenir la santé et le bien-être des élèves. En ce sens, il est proposé: de prévoir des évaluations réalistes, formatives, en collaboration avec les élèves et de planifier son enseignement à rebours, de maintenir la récréation et de valoriser les transports actifs tout en respectant les mesures sanitaires.
Commentaires et questions soulevées par les participant·es :
La déontologie : Il a été demandé si des orientations concernant à la capture d’images et l’enregistrement des enfants et jeunes étaient proposées dans le document. En fait, la préoccupation vient du fait que, travers nos écrans, nous rentrons dans la vie des gens. Il y a d’une certaine manière, une intrusion de la vie privée dans le mode d’enseignement en synchrone.
À l’Université Laurentienne, le professeur Jaouad Alem mène une réflexion en ce sens, à partir d’une recherche en cours sur « Trois défis didactiques de l’enseignement en mode synchrone des activités physique et sportives (EMS-APS): la déontologie, la motivation et l’évaluation des apprentissages ».
En France, rapporte Élise Houssin, dans le fil de conversation, pour ce qui est des formulaires, ils font signer les parents des documents à la rentrée scolaire, afin de permettre d’enregistrer les élèves. Ceux qui ne veulent pas, ne sont pas filmés. Lorsqu’ils utilisent la suite Google Education, le problème se pose à nouveau concernant les adresses.
L’avis ou la perception de parents :
Certains se sont interrogés sur l’avis de parents quant aux activités en ligne, par exemple, leur manque de temps pour participer aux activités avec les enfants ou la question déontologie aussi. Personne n’a évoqué des problèmes en ce sens. Vicky Bouffard Levasseur a partagé son expérience et celle des élèves à News Brunswick, mais il n’y a pas eu des plaintes en ce sens. Au Québec, certains parents se sont manifestés, par contre, en relation aux trousses pédagogiques, notamment dans les autres matières, et de la difficulté à suivre les exercices et activités proposés.
La rentrée des élèves :
La rentrée des élèves sera très variée d’une province à l’autre, au Canada, mais aussi dans les différents pays présents dans la rencontre. Des modes hybrides d’enseignement à l’école ou en ligne sont prévus en fonction des directives.
En Italie, par exemple, Marco Cloes rapporte que les enseignants en ÉP ne peuvent pas enseigner à distance pour des questions d’assurance. Il y a un vide juridique.
La résilience ou le travail des enseignants d’éducation physique et la continuité pédagogique : Plusieurs ont salué le travail extraordinaire des enseignant·es d’éducation physique dans cette période de pandémie : pour garder le contact avec les élèves, pour transmettre des informations et des enseignements en ligne, pour suivre les apprentissages des élèves et essayer d’assurer une continuité pédagogique. Les adaptions que se font sur le terrain sont extraordinaires aussi, autant pour réinventer les enseignements en ligne, qu’hybrides, mais surtout le présentiel à l’école. Dans les provinces et régions ou pays, où l’école a repris, les enseignant·es d’éducation physique ont su s’adapter et créer des activités variées en respectant les normes de distanciation des deux mètres et parfois même dans le cadre d’activités collectives. Il faut noter que dans le cas du Québec, de 40 à 60 % des enfants sont retournés à l’école, car leur présence n’était pas obligatoire dans ce contexte. De plus, la désinfection du matériel par les élèves eux-mêmes a été aussi travaillée de manière éducative. On estime qu’à la rentrée, les enseignant·es d’éducation physique seront au rendez-vous !
DEUXIÈME PARTIE DE LA RENCONTRE – LE RETOUR À L’UNIVERSITÉ
Le retour à l’université se fera à géométrie variable, en raison de directives de la santé publique et des dirigeant·es de pays et provinces. Au Québec (CA), hors de Montréal, certaines universités comme l’Université de Sherbrooke, prévoient un retour, tant que possible, en présence. Ce qui pose l’enjeu de respecter les mesures sociosanitaires à des grands groupes notamment qui seront scindés en deux. Une partie du groupe suivra des cours en ligne et d’autres sur place. Par ailleurs, les stages devront revenir et seront adaptés en fonction du
milieu scolaire. L’Université de Montréal quant à elle revient à distance avec seulement quelques cours en présence sur le campus. Les stages sont en attente de la décision sur le retour dans les écoles et septembre. Le ministre de l’Éducation annonçait à la mi-juin, quant à lui, un retour en classe obligatoire dès septembre pour le préscolaire primaire et le secondaire (avec des mesures de distanciation et de l’alternance dans la fréquentation journalière de groupes dans les écoles) et pour les Universités et CÉGEPS des formules hybrides, selon leurs réalités.
En France, la situation est similaire aussi bien qu’en Belgique, Nathalie Carminatti et François Pull on fait des observations en ce sens.
En Argentine, ils se préparent pour mettre une bonne partie de cours à distance.
En Ontario (CA), à l’Université Laurentienne également et, en fait, certaines activités, même celles de laboratoires seront à distance dans certains programmes.
Dans la province de News Brunswick (CA), les universités font un retour à distance seulement pour le campus de Moncton, jusqu’à 60% en présence (le restant à distance) pour le campus d’Edmundston. Les écoles quant à elles devront faire un retour en classe à temps plein pour les maternelles à 8e année, à demi-temps (le reste à distance) pour les 9e à 12e année.
Les enjeux de cours à distance à l’Université sont divers :
- La motivation des étudiant·es ;
- L’épuisement des étudiant·es et des formateur·trices ;
- La détresse dans certains cas, le bien-être des étudiant·es semblent au cœur des préoccupations ;
- Les apprentissages.
Plusieurs sites web avec des activités ont été partagés :
Le document d’ÉPS Canada :
Rendez-vous pancanadien d’EPS :
https://eps-canada.ca/activez/centre-dapprentissage-deps-la-maison/rendez-vous-pancanadien-deps
Centre d’apprentissage à la maison :
https://eps-canada.ca/activez/centre-dapprentissage-deps-la-maison
Le baby-foot géant :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1706224/baby-foot-humain-abitibi-temiscamingue-cours-ecole
Facebook FEEPEQ
Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec : https://www.feepeq.com/fr/
https://www.facebook.com/FEEPEQ/
APEC :
Association est de servir de forum pour les professionnel·les francophones enseignant·es du Nouveau-Brunswick en éducation physique : https://www.apep.ca/
De plus, l’ARIS annonce dès maintenant un troisième rendez-vous fin d’aout, afin d’aborder les résultats de plusieurs enquêtes qui sont en train de faire à l’instant même au cœur de la francophonie dans plusieurs pays. Les chercheuses et les chercheurs seront invité·es à partager quelques-uns de leurs résultats en lien avec la CRISE de la COVID-19.
REACTION A CHAUD DE GHISLAIN CARLIER
Rôle attendu des formateurs chercheurs à l’égard de l’éducation physique dans l’enseignement obligatoire et en formation initiale
1. Voir
Faire état de la situation vécue par les enseignants durant le confinement : état d’esprit, initiatives diverses vers les élèves, les stagiaires, les collègues, les parents, les directions, les pouvoirs organisateurs, etc.
Relever leurs attentes à l’égard de la noosphère.
Idem pour les élèves, les stagiaires, les parents, les collègues, les directions, etc.
2. Juger
Interpréter, discuter les éléments significatifs de la situation en regard : 1) de la mission de l’éducation physique prescrite par les instructions officielles antérieures au COVID-19 ; 2) des instructions officielles relatives aux mesures sanitaires de barrière, en général et pour l’éducation physique en particulier ; 3) des grilles de lecture propres aux cadres théoriques susceptibles d’éclairer la situation.
Rédiger des préconisations calibrées selon les destinataires respectifs de la communauté éducative.
3. Agir
S’engager en tant que formateur en FI et en FC dans des actions appuyées sur les savoirs produits par la recherche en 1. et 2. pour influencer la conception et la mise en place d’une éducation physique post-pandémie, qui ne soit pas seulement dictée par les interdits, les précautions et les peurs. Qui ne soit pas une éducation physique au rabais, en restriction, à l’action dérisoire et insignifiante. Mais une éducation physique enseignée par des acteurs résilients, organisés en réseaux professionnels et en connexion étroite avec les formateurs chercheurs.
Bref, une éducation physique qui se redonne du souffle créatif inspiré par les passions à transmettre et les plaisirs à partager.